Faire une retraite en capitalisation ?
Faire une retraite en capitalisation ?
Prenant argument de faiblesses imputées à la répartition ou désireux d’augmenter les volumes traités en Bourse qui résulteraient d’un régime de retraite en capitalisation, certains préconisent d’introduire un élément de capitalisation dans les régimes obligatoires de retraite.
Outre quelques régimes obligatoires de retraite gérés en capitalisation, il existe de nombreuses possibilités d’utiliser la capitalisation pour se constituer un complément de retraite : assurance-vie, PER, PERCO, patrimoine immobilier, or, cryptos etc. Ces possibilités résultent de décisions individuelles qui nécessitent le plus souvent l’existence dans l’entreprise de véhicules appropriés. C’est pourquoi, la réflexion se porte sur les aménagements à apporter aux actuels régimes en répartition.
Plus personne en effet ne propose de remplacer la répartition par la capitalisation.Dans un pays où la très grande majorité des régimes obligatoires de retraite est gérée en répartition, une telle éventualité signifierait la ruine des retraités ou l’obligation pour les actifs de payer deux fois : une pour leur propre retraite et une pour celle des retraites liquidées. Une telle double cotisation devrait se maintenir longtemps, le temps nécessaire pour que le régime en capitalisation ait accumulé assez de capital pour financer des retraites convenables aux actifs actuels. On ne parle donc plus de remplacer la répartition, mais de la compléter par un élément de capitalisation, ce qui ,peut se concevoir de plusieurs manières. En voici deux :
Scission de la cotisation actuelle en deux éléments.Sur un mode certes mineur, on retrouverait les inconvénients du remplacement évoqués ci-dessus : les ressources pour les retraités seraient réduites et les actifs devraient attendre des décennies pour profiter du nouveau régime.
Introduction d’un nouveau régime à côté du régime en répartition, comme cela a été fait pour les fonctionnaires avec la création de la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP). Voir ci-dessous. Géré en capitalisation, ce nouveau régime aurait une base cotisable différente de celle de la répartition et ne concernerait que les seuls actifs. Le régime en répartition subsisterait sans toutefois s’épargner de devoir trancher le débat sur l’âge de la retraite, débat nécessaire pour compenser la dégradation prévisible du rapport actifs/retraités, Notons que pour les mêmes raisons, le Danemark vient de porter cet âge à 70 ans en 2040 (contre 57 actuellement).
o L’exemple de la RAFP Créée en 2005, elle vise à compléter la retraite des fonctionnaires qui ne prenait en compte que la rémunération indiciaire, sans les primes. Gérée en capitalisation, sa base cotisable est une fraction des primes (dans la limite de 20% de la rémunération indiciaire). Son taux est de 10%, partagé 50/50.
Nos points de vue:
La répartition est et doit rester le pilier principal des retraites. Elle est la garantiedes retraites liquidées et de celle des actifs par les droits qu’elle leur donnent sur leur retraite future.
Si pour des raisons, bonnes ou mauvaises, la décision devait être prise d’introduire un élément de capitalisation obligatoire,
Cela ne devra pas se faire par la dégradation de la répartition, Mais par la création d’un nouveau régime en capitalisation, concernant les actifs, dont la base cotisable serait, par exemple, les primes d’intéressement et de participation qui n’interviennent pas dans la répartition. Modalités, taux et répartition restant à définir.
Notre priorité est donc la consolidation de la répartition et nous espérons que la sagesse finira par aller au bout du débat sur l’âge de la retraite. L’hypothèse que nous formulons n’est qu’un second choix qui permettrait néanmoins d’établir un parallèle avec le système de retraite des fonctionnaires.
Christian BOURREAU Président de l'Union Française des Retraités Ufr-Rg
